Des trésors enterrés dans des noix de coco!

Nous venons de découvrir d'anciens documents qui indiquent que, au cours des siècles, des milliers de noix de coco emplies de pièces auraient été enterrées par des villageois. Or l'expérience montre les faits suivants: bien souvent les propriétaires dècedent sans avoir transmis leur secret, et les trésors restent ainsi enterrés pendant des dizaines, voire des centaines d'années, jusqu'à que quelqu'un les découvre! Il doit bien rester quelques centaines de noix ainsi cachées dans la terre...

Le texte présenté ci-dessous est extrait du bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française, édité en 1913. Nous nous excusons du ton parfois "politiquement incorrect" et colonialiste de certaines partie du texte, dont la responsabilité doit être imputée aux auteurs, qui sont d'ailleurs tous décédés depuis des dizaines d'années. Cependant les textes présentent un réel intérêt historique, c'est pourquoi nous les reproduisons ici. Ce texte concerne la Nouvelle Calédonie, mais il est probable que la même pratique se retrouve dans les archipels voisins, voire dans de nombreux autres pays producteurs de cocotier!

"A Ouvéa nous trouvons une île couverte en grande partie de cocotiers et des indigènes qui s’occupent assez activement de la préparation et de la vente du coprah. Mais en dehors de cela, de quelques champs d’ignames et de plantations de tarots assez bien tenues, il ne faut leur demander aucun effort. Les nouvelles plantations de cocotiers se font d’ailleurs seules par la germination de noix tombées. Ces arbres sont donc beaucoup trop serrés et irrégulièrement venus, encore qu’on en coupe çà et là quelques jeunes dont on mange le cœur. Avec plus de régularité et plus d’espace entre chaque cocotier, le rendement serait grandement amélioré. Cependant, grâce au coprah, les indigènes d’Ouvéa sont riches, plus riches que beaucoup de petits colons de la Nouvelle-Calédonie

On ne se doute pas des sommes d’argent en pièces de cent sous enterrées dans des noix de cocos que recèle l’île. On en aura une idée quand nous aurons dit avoir vu, à une seule quête religieuse, un millier d’indigènes, — exactement la moitié de File, —verser quatre mille francs sans sourciller. Toute famille d’ailleurs qui se respecte possède sa baleinière, parfois même un cotre bien armé et adroitement conduit. Mais dans aucune des trois îles nous ne trouvons de cultures rationnellement faites ou avec esprit de suite. Les Loyaltiens sont pour cela trop insouciants de l’avenir. Dans les trois îles ils ont saccagé les banians à caoutchouc, ils ont détruit entièrement le santal qui y était très abondant, et ils sont loin de retirer de leur sol les bénéfices qu’ils seraient en droit d’attendre du seul coprah pour ne citer que cette culture...

A Maré les indigènes récoltent des oranges, des choux, du maïs qu’ils portent à Nouméa sur leurs propres embarcations et vendent au chef-lieu. Ils sont donc un peu plus industrieux que ceux des autres îles ; il est vrai qu’ils sont aussi les plus rapprochés de Nouméa et ceux qui communiquent avec le plus de facilité avec la Grande-Terre en raison de leur proximité. Cependant ils sont assez paresseux et insouciants pour ne pas soigner leurs orangers appelés à disparaître faute de soins; ils ne font rien contre la destruction brutale de leurs cocotiers par une sauterelle qui s’attaque aux jeunes feuilles et aux fleurs. Cette sauterelle se tient au haut de l’arbre et n’en descend que pour pondre au pied du cocotier. Il faudrait rechercher et détruire ces œufs et les jeunes criquets. La poule leur fait une véritable chasse; il serait utile d’encourager l’élevage de la volaille qui représente d’ailleurs un produit facile à écouler à Nouméa. D'autre part au sommet de l’arbre même les corbeaux et merles des Moluques détruisent les adultes; malheureusement les indigènes, qui presque tous possèdent clandestinement des fusils, détruisent ces intéressants auxiliaires.

A Lifou, qui est l’ile la plus vaste (115.000 hectares) et la plus peuplée (6.500 habitants) avec une faible densité de population (1 habitant pour 18 hectares), les naturels sont plus paresseux que ceux de Maré. Cette île n’exporte ni volaille, ni maïs, ni oranges, ni choux mais seulement un peu de coprah. Quand on songe que les cocoteraies pourraient être 20 fois plus étendues sans absorber encore toute la surface de l’île, on ne peut que déplorer la nonchalance qui porte ses habitants à négliger une si fructueuse et si peu pénible culture."

© R. Bourdeix, section DPP Calédonie, 2022.