Nouvelle Calédonie - Extraits commentés d’anciennes publications.


La Revue maritime et coloniale (volume 6, 1862) donne une liste extrêmement précieuse des anciennes variétés de cocotier de Nouvelle Calédonie.
«Cocos nucifera, le Nou des indigènes. Assez abondant sur la côte nord-est, le Cocotier est rare sur la cote opposée, où on ne le rencontre plus que de loin en loin par petits groupes isolés. Vigoureux dans la partie Nord de l'ile, il décline vers le Sud ; nulle part, du reste, il ne présente cette luxuriance de végétation qu'on lui connait à Tahiti, au Tonga, etc. Dans ces archipels, il commence à rapporter à six ou sept ans, tandis qu'en Calédonie il ne produit qu'après quinze ans de plantation, et ses fruits sont moins nombreux, plus petits, et de qualité inférieure. Les Néo-Calédoniens connaissent plusieurs variétés de Cocotier, que nous croyons utile de signaler.»

Nom

Description de 1862

Commentaires de l’expert

Nou goïne

Fruit gros, à écorce verte ; mésocarpe peu filandreux, charnu jusqu’à la maturité, susceptible d'être mangé comme le bourgeon terminal dont il a le goût. Assez commun a Arama et dans l'île de Balabio.

Description très intéressante d’un cocotier à bourre tendre et sucrée, rare sous sa forme de couleur verte à gros fruits, appelé Kaipoa en PYF. Sites à visiter : Arama (-20.253, 164.204). Ecrire à l’école catholique. Ile de Balabio (-20.109, 164.19).

Nou bouangé

Fruit très gros, à mésocarpe filandreux. Très commun.

Description peu précise. Si les fruits sont de forme allongée, pourrait correspondre aux types Niu Kafa ou Nape utilisés pour la fabrication de corde.

Nou tiguit

Fruit petit, allongé, à écorce roussâtre

Ce cocotier doit avoir un usage particulier, qui n’est pas mentionné.

Nou pougne

 

Que signifie « pougne » ?

Nou do

 

Que signifie « do » ?

Nou Jomalate

Fruit moyen marqué de côtes.

Variété dont les fruits sont de forme triangulaire en coupe équatoriale.

Nou tamen

Plusieurs fruits sur chaque ramification du régime. Peu répandu.

Forte production possible

Nou mia

Fruit moyen, à écorce roussâtre.

Ce cocotier doit avoir un usage particulier, qui n’est pas mentionné.

Nou kigoute

Fruit moyen calice rouge.

Désigne des cocotiers dont la bourre des jeunes fruits est rose à l’intérieur, souvent considérés comme ayant des propriétés médicinales spéciales.

Nou boibate

Noix s'ouvrant longitudinalement sous le marteau, et simulant ainsi deux valves de bénitier, comme l'indique le mot calédonien Boibate, bénitier.

Spécifique à la Nouvelle Calédonie, jamais mentionné ailleurs.

Nou polan

Amande amère. Est-ce bien un cocotier? Nous n'avons jamais vu celle variété ou cette espèce que l'on nous a dit être assez commune à Diaoué.

 

Spécifique à la Nouvelle Calédonie, jamais mentionné ailleurs.



"Le cocotier donne par an soixante-dix à quatre-vingts Cocos. Le Coco jeune et rempli de lait est appelé Galo; mûr : Nou maïou ; germé : Nou Thième. Les avantages que les insulaires des mers du Sud retirent du Cocotier sont trop connus pour que nous les énumérions ici. Nous dirons cependant que les Néo-Calédoniens ont pour habitude de planter quelques-uns de ces arbres à naissance d'un chef ou lors d'un événement important dont ils veulent perpétuer le souvenir ; ainsi on voit encore a Bayaoupe, près de Balade, un groupe de Cocotiers qui fut planté en l'honneur de Cook. Il est aussi d'usage d'abattre un ou plusieurs Cocotiers à la mort d'un individu notable.
Le cocotier affectionne de préférence les terrains bas et sableux des bords de la mer ; cependant on le rencontre quelquefois sur des coteaux de 150 et ~00 mètres d'élévation. Nous avons vu a Puébo, près de la Mission, un fort beau Cocotier chargé de fruits, implanté, à 4 mètres de hauteur, dans les bifurcations d'un Ficus prolixa, avec lequel il tranchait d'une manière frappante. 
Nous avons également observé plusieurs individus en plein rapport, quoique le stipe fût creux comme un canon dans un bon tiers de sa hauteur."

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Autre source bibliographique qui cite plusieurs variétés de cocotier Néo Calédoniennes. 
DUBOIS, Marie-Joseph - Notes d'Ethno-botanique sur l'Ile des Pins, Nouvelle-Calédonie. A noter que ce sont des documents qui ont été traduits en texte par des systèmes de reconnaissance automatique de caractères, qui ne fonctionnent pas toujours bien! Il y a donc encore beaucoup de travail sur ces textes.


~OM~i~erajjL,Palmées = nyi (ton haut),cocotier.Son importance a développé le vocabulaire le concernant,car on utilise son fruit pour son eau,son amande, sa "pomme",ses feuilles,son bourgeon terminal,son tronc.
feuille de cocotier =. noo-nyî
bourgeon terminal du?
lofl-nyî! fleur de- ngwanyî~; feuille de cocotier pour envelopper l'igname noo-drutattaoher l'igname dans cette feuille de traré < spathe du?cecàmûdë tissu mort de la gaine de cocotier = ngl~hélice en feuille de cocotier, jeu d'enfant waepleplë pétiole de la feuille de cocotier peoi$ tige médiane des folioles de feuille de cocotier akwarâdmpincettes en cote de feuille de cocotier oikotët torche en feuille de cocotier = tere.trêrê.trerâ trëra (marét thena)<lien en peau de cote de cocotier pour coudre la paille de la maison acëgare (marétaoa-gere); foliole de la feuille de cocotier nuùdru! nervure centrale de la feuille de cocotier koradrü;ornement de danse en feuilles de cocotier kwë-nyî;panier en feuille de cocotiervide noo-tAA-nyeenveloppe d'igname en feuille de cocotier ou de bananier = noo~ (ton haut)~panier solide en feuille de cocotier en folioles doublés wabutrUU;wabutrIItpanier en feuille decocotier,solide et durable. ~u~r~; effilocher finement les folioles de cocotier.tatiyé. citie)faire sécher les folioles au soleil ve-mëë.ve-méé exposer les folioles à la rosée pour les assouplirveMjre.vëkë a mwâke v6<miorocita~<. creusée dans le tronc du cocotier watubwanët rangée de cocotier oAA-nyi (nom d'un petit îlot de la Baie des crabes à l'ouest de l'îlot
yuepè~!crabe de cocotier. Birgus latro
 ~ng<;coootier très élevé ,très long
nyî mwaa kitritrya variété de cocotier à péricarpe comestible,a coco mange-tout
wanokete variété de cocotier à pétiole et coco de couleur jaune brun clair
 -nyî-mîîe coco ~yî (ton haut).wèë-nyÎ!eau de coco,lait de coco jAA-nyîtcoco sec sans eau jèrè; coco mange-tout
wanokete< coco long fournissant avec sa bourre, son péricarpe une longue fibre pour faire de la corde VUUrU.nyî-VCUrO < fibre de bourre de coco pour faire de la corde VCmrUtcorde faite avec cette bourre VUUrUtbois pointu pour éplucher le coco,éplucher le coco yyUU. yyUC nyî; gratter l'amande du cooo xîiû (ton haut).xuû8 nylïr&pe à oooo nuu xaûe nyî; coque dure du coco ntî-nyîttrou par où sort le bourgeon vekb.Û-nyIttoutpetit coco vert sans eau tree (ton haut);oooo à boire mwtkenS coco commençant à mûrir contenant de l'eau huileuse jjy~ coco sec moo(ton bas);oooo germé avec 1'amande "pomme"- H (tonbae);faire le coprah wé kopera! cuisine au ooco piquant tfanobwe.


Le Père Goujon,missionnaire mariste arriva à l'Ile des Pins le 15 aout 1848 et y mourut le 21 février l88l. Vers 1850, il laissa sur des feuilles volantes un condensé des traditions sur les origines de la population de l'Ile des Pins.
Selon les traditions,il y avait à l'origine deux tribus composées de deux familles",les Ti Ipéni /trII ipinyi/et les Ti Kawce /trII kaucë/ qui habitaient les lieux dits ipinyï et kaucë,dans la forêt du district actuel de truetè, à l'Ouest,et non loin de la grande falaise ko-dYttë.Et les Ti Twédé /crII truetè/ et les Ti Nomwéré /trII dobwèrè/installés du coté de truetè et occupant tout le pays de la montagne à Oro et upi. On ne dit pas d'où ils venaient. Ils se nourrissaient de cueillette de plantes, de chasse aux lézards,aux chauves-souris, et dit le Père aux rats et aux poules sauvages (?).0n leur attribue l'origine des tumulus de l'Ile. Ils ne faisaient aucune culture.
Un jour débarqua d'une petite pirogue à l'Ile des Pins à Neghan/ nogâ Presqu'ile d'Oro/,venant de Kiamou /kiamu/ ou Anatom, l'île la plus méridionale des Nouvelles-Hébrides, une femme nommée Watépétwa /watrepetrua/. Elle avait dans sa pirogue des semences de tous les fruits qu'on cultive à l'Ile des Pins, à l'exception de ceux apportés par les Européens. Elle les planta dans la bonne terre de nogâ,dans la partie sud de la presqu'ile. Elle pénétra dans l'île,fit connaissance avec les premiers habitants,et enfanta l'ancienne et nombreuse tribu des Ti Upi /trII upi/.
Les trII ipinyï et les trII truetè heureux de l'arrivée d'une femme si extraordinaire qui leur apportait tant de bons produits inconnus d'eux jusqu'alors,l'appel fa~Temme (par antonomase) nyo,(etfemme épouse Vto ,Vyoo ,Vuuo ). De concert avec elle et de crainte que l'ennemie de l'abondance dooi,qu'elle venait d'inaugurer,savoir la disette droorè,ne vint l'attaquer et la détruire, ils plantèrent sur un long espace à travers la presqu'île de nogâ une barricade. yër~.Celle-ci avait tant d'importance et de renommée qu'on devait la renouveler. Il en existait des vestiges quand le Père écrivait.Le Père constate que c'était une défense. C'est à cette époque qu'on fait remonter la plantation des premiers cocotiers. Le Père note également qu'on se servait,pour la pêche,de nasses (qu'il appelle des paniers),et de plantes iohtyotoxiques,comme à Maré et à Lifou.

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Lormée, N., Cabalion, P., & Hnawia, E. (2011). Hommes et plantes de Maré: Îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie: nodei ngom ne yeserei ri node Nengone. IRD Editions.

Le banu est un trou creusé dans un tronc de cocotier qui sert à récupérer de l'eau potable. Voir Sarasin, 1917

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© R. Bourdeix, section DPP Nouvelle Calédonie, 2022.